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samedi 25 avril 2015

Les outils chamaniques.



Les objets de « médecine » du chaman sont des objets de pouvoir qui relient la conscience aux niveaux pronfonds de potentialité et de créativité qui se trouvent à l’intérieur,et aux forces naturelles et cosmiques qui sont à l’extérieur. Ce sont des auxilliaires qui aident à obtenir sa propre « médecine » personnelle, son propre pouvoir spirituel.
Chaque instrument est à la fois une expression d’un potentiel intérieur et un moyen par lequel il devient manifeste.
Ces objets sont une extension du pouvoir du chaman, le pouvoir ne réside pas en eux-même.
Ce sont des canaux à travers lesquels les énergies vitale du chaman peut circuler et être plus facilement dirigée. Dans le fond c’est plus ou moins la même chose dans d’autres formes de pratiques, c’est le rôle joué par les outils en magie païenne tels que la baguette etc… On en retrouve d’ailleurs quelques uns de communs…


L’autel
L’autel du chamane est une chose très simple_une simple étoffe posée à même le sol sur laquelle on peut disposer les outils, les instruments, les pierres les cristaux…
Il sert de lieu de concentration, c’est un espace sacré où se fondent le domaine du visible et celui de l’invisible.
Les chamanes tribaux établissent leur autel sur e sol et s’assoient jambes croisées devant. Mais on peut tout aussi bien l’installer sur une surface surélevée ou une petite table devant laquelle on peut s’asseoir.
Généralement c’est une étoffe de lin blanche ou noire, mais certaines personnes optent pour des tissus ornés de motifs, l’essentiel étant que cela nous convienne et qu’elle soit en tissus naturel. Il n’y a pas de règles rigoureuses. La sacralité de l’intention est dans l’esprit.

La baguette
D’un point de vue chamanique, la baguette est l’axe qui unit les solstices_le Pouvoir Solaire de la force de « Dieu », masculine, donneuse de vie, et le Pouvoir Terrestre de la force de « la Déesse », créatrice, nutritive. Elle est associée à l’élément Feu, et est utilisée pour conduire l’Energie du Feu dans la manifestation physique, par transmutation.
La baguette est habituellement faite d’un morceau de bois « vivant, coupé à un noisetier ou un noyer. Sa longueur doit être celle qui sépare le coude de l’extrémité des doigts. Le chamane demande non seulement la permission à l’arbre avant la coupe, mais aussi une indication de sa part sur l’endroit où l’ablation doit être faite. Ainsi, le chamane s’assure que l’esprit de l’arbre ne s’est pas retiré de la branche avant qu’il ne la coupe. Le morceau ainsi ôté est du « bois vivant », gardant en lui l’esprit de l’arbre.
ce morceau est soigneusement préparé en ôtant une grande partie de l’écorce avant que le travail de sculpture ne commence.
On peut la décorer la sculpter à son goût, y fixer un cristal, la décorer de clochettes et de plumes… Des symboles propres au chamane peuvent être peints sur le bâton.

Le Batôn parlant
Un bâton parlant est utilisé pour contribuer à clarifier les pensées, de façon qu’elles soient exprimées clairement. Sa longueur peut aller de 30 cm à celle d’un bâton de marche. Un bâton est tout d’abord un lien unissant le Ciel et la Terre.
Traditionnellement parlant, le bâton « parlant circule à la ronde dans une réunion et seule la personne qui le tient fait le discours. Ainsi il apprend à être un bon auditeur et vous rend capable de parler clairement, pour que d’autres puissent comprendre vos pensées.
C’est un embème du maître chamane qui apporte connaissance et sagesse à ceux qui les cherchent.

Fumigation
« Fumiger » c’est purifier avec la fumée d’herbes sacrées. Les herbes que l’on réservait au travail spirituel étaient la sauge, le cèdre et la glycérie ou la lavande. Elles peuvent être placées dans un récipient_unbol ou un coquillage ouvert, ou elles peuvent brûler sans causer de dommages_ ou attachées en paquet sous la forme d’un bâton que l’on peut tenir et allumer. La fumées des herbes en combustion est alors orientée au moyen d’un éventail de plumes vers la personne ou l’objet à purifier. La fumée de sauge chasse les énergies négatives et le cèdre attire les énergies positives. La « glycérie »(Sweet grass, Wacanga), la lavande et le gaillet apportent une influence sacrée. La personne qui est « fumée » attire la fumée vers elle, comme si on la ramassait avec les mains_d’abord vers la région du coeur, puis au desus de la tête, et enfin vers les pieds.

Le masque
Un masque chamanique est un moyen de permettre aux potentialités intérieures de trouver leur expression, habituellement dans une danse cérémonielle et chamanique quand il est nécessaire d’enraciner ces énergies. Un masque peut représenter un animal, un allié, un guide ou un maître pour l’Autre-Monde, et il est porté pour rendre le contact plus puissant. Il peut être fait de matérieux divers, et porté en maintes occasions. On peut faire un type plus simple de masque en le peignant tout simplement sur le visage.

Le paquet médecine
Un paquet médecine est un petit sac porté autour du coup ou attaché au vêtement, et contenant des objets représentant la « médecine » personnelle du chamane. Ces objets représentent aussi les quatres règnes_minéral, végétal, animal et humain_et peuvent inclure des images ou des symboles de totems personnels et de clans. Ce peut être de petites pierres et de petits cristaux, des herbes, des feuilles, de l’écorce, de petits morceaux de fourrure, des plumes, des dents, des griffes, des cheveux humains, des morceaux d’ongle et un échantillon de sang.
Le paquet médecine est un moyen de faire des « connexions », et de mettre celui qui le porte en harmonie avec d’autres niveaux d’être dans le Grand Tout.

Le pendule
Pendant des milliers d’années, les chamanes de diverses cultures on utilisé le pendule comme instrument de diagnostic.
Un chamane utilise le pendule comme moyen de communication entre le conscient et le subconscient, et de conversation avec le moi caché. C’est un moyen de découvrir des choses qui ne peuvent être atteintes rapidement avec les facultés limités du mental conscient.
Le pendule peut être utilisé pour évaluer un état, localiser les régions de dysfonctionnement et de dysharmonie dans le corps humain, déterminer un régime bénéfique, indiquer les zones de déséquilibre de l’aura ou des chakras, etc… Il peut être employé comme instrument divinatoire pour localiser les sources d’eau et les gisements de minéraux. En fait, il répond à une liste de possibilités presque illimitée.

Plume
Une plume est stucturée comme les fibres de l’aura humaine, et elle peut être utilisée par le chaman non seulement pour agiter l’air dans une direction choisie, mais aussi pour aplanir les fibres auriques. C’est pourquoi une plume est fréquemment utilisée comme instrument curatif.
Nos fibres auriques peuvent être emmêlées comme les cheveux humains. Le mouvement d’une plume dans les mains habiles d’un chamane « peigne » les fibres auriques et les démêle, les mettants dans l’alignement qui convient. Pour cela, le chamane doit être capable de voir, ou de ressentir ce qui ne va pas.
Les plumes étaient considérées comme des messagers ou des énergies et elles étaient prisées par les Indiens comme des véhicules de significations (cf ici ou )

Flèches de prière
Les indiens d’Amérique considéraient la flèche comme bien plus qu’une simple arme pour chasser ou faire la guerre. C’était un instrument spirituel utilisé pour prendre de la nourriture pour l’âme et vaincre les tyrans de l’esprit. Une flèche était souvent fabriquée spécialement et personnalisée avec des emblèmes et des signes des sources de pouvoir de son propriétaire, et utilisée comme une aide à la méditation et comme foyer concentrant les demandes adressées au Grand Esprit. Un demande écrite précisant ce que l’on souhaite voir se manifester, afin d’élever sa propre vie spirituelle, est attachée à la tige.
Le tige de la flèche coupée dans la branche droite d’un arbre, représente l’élément Terre et le corps physique, et est symbolique de la manifestation. C’est une indication de la force et de l’aptitude de vie elle-même.
Le cuir vert humide était utilisé pour asujettir la pointe de la flèche, et les plumes directrices, et il représentait l’élément Eau. A mesure que le cuir vert séchait, il se resserrait pour tenir fermement la pointe et les plumes à la tige. Cet assujettissement était comparé à celui de la force spirante de sa propre énergie émotionnelle.
Les indiens taillaient les pointes de flèches dans la pierre, ou les faisaient à partir de métal molli par le feu, et ainsi la pointe représentait l’élément Feu. Elle rappelait que l’énergie du feu est bonne quand elle est utilisée sagement, mais qu’elle peut être dangereuse.
Les plumes dirigent la trajectoire de la flèche à travers l’élément air, et elles représentent l’esprit, car c’est lui qui contrôle tous les aspects de maîtres à partir de son lieu sacré intérieur.
Comme objet sacré, la flèche peut être utilisée dans le travail chamanique à l’extérieur pour marquer le centre d’un cercle de travail. La pointe de la flèche est enfoncée dans le sol, et la flèche devient le point de convergence.

Le Hochet
Le hochet est un instrument de musique ancien, utilisé pour créer une atmosphère d’attente dans un processus de changement d’un niveau de réalité à un autre. Il est tout d’abord un outil de transformation. Un hochet est fait usuellement de gourdes séchées, ou de cuir vert (brut) et il contient des graines, des haricots, de petits cailloux, et parfois de petits cristaux, lesquels font un cliquetis quand on secoue l’instrument. Le gourde est attachée à un manche qui est habituellement décoré avec des symboles significatifs pour le propriétaire.
Le secouement du hochet a une signification importante. Il symbolise le mouvement vibratoire des forces cosmiques qui se diffusent dans toutes les directions et font apparaître la Loi, et il agit ainsi comme la « parole » de la divinité. Le cliquetis détend avec douceur l’esprit et diminue l’activité cérébrale, ôtant ainsi la barrière qui se trouve entre la perception du monde matériel et les domaines des réalités spirituelles. En d’autres termes, il sert de pont entre les mondes, c’est pourquoi le hochet est si agréable aux bébés.
Le secouement répété du hochet est un signal pour la conscience, la faisant changer de niveau de fréquence. Il peut être utilisé comme préliminaire au tambour ou même comme substitut de celui-ci, pour renforcer la percussion. sa transmission sonore crée une atmosphère apaisante qui attire à tous les niveaux les énergies positives et bienfaisantes.
Le hochet peut être aussi utilisé comme instrument de diagnostic dans le travail d’extraction curative, et pour localiser les régions de déséquilibre énergétique dans l’entité humaine.

Le bouclier médecine
Le bouclier médecine n’a rien à voir avec un bouclier protecteur de guerrier. C’était un bouclier protecteur qui déclarait les intentions sacrées et la connexion de son propriétaire avec les énergies chamaniques _son pouvoir « médecine » ou esprit. C’est en tant que tel qu’il était soigneusement gardé par les indiens d’Amérique.
Le bouclier personnel était fait de peau animale tendue sur un cercle de bois. Tout autour, sur les bords, étaient attachées des plumes, des franges et parfois d’autres choses. Il comportait des emblèmes spéciaux et des symboles peints qui indiquaient les qualités spéciales de son propriétaire et sa quête. Il pouvait comporter des représentations animales représentant le pouvoir de la personne…
Vous pouvez faire votre bouclier médecine avec une peau de chamois tendue sur un cercle de bois. Votre bouclier est destiné à être un miroir de vous-même, reflétant ce que vous êtes, et exprimant d’une certaine façon les rêves ou les aspirations que vous voulez réaliser. Ainsi il sert aussi à vous rappeler votre mission comme vous la persevez présentement. Faire soi-même son propre bouclier médecine peut être une leçon profitable, pour la compréhension chamanique, parce que cela aidera à reconnaître son propre pouvoir médecine et la façon de l’exprimer.
Dans la tradition indienne, une vie « physique » est un « rêve » du Soi Supérieur. Faire un bouclier médecine est considéré comme un moyen d’entrer en contact avec le Soi-Supérieur, dans le but de « danser le rêve éveillé »_ de mettre dans la réalité matérielle le « rêve » ou l’intention de l’âme, et ainsi d’accomplir le dessin de celle-ci.
Il ne s’agit pas d’un objet achevé. On peut y ajouter quelque chose, le développer, et même le changer, quand sa propre vie évolue et que sa médecine change.

Les bourses et sacs de pouvoir
Les chamanes gardent leur collection de cristaux, pierres, herbes etc, dans des bourses aisément transportables, qui sont toujours à portée de main, et parfois, ces petites bourses sont transportées dans un sac d’épaule plus grand. Leurs formes varient, mais elles sont habituellement faites de cuir souple ou de tissus solide, décorées de franges et de perles, et brodées ou peintes avec des motifs en rapport avec le propriétaire. Elles osnt refermées par une lanière de cuire ou un cordon épais.
Les bourses et sacs sont en eux-même des objets de pouvoir, car ils servent à entreposer les objets de pouvoir personnel.

Chandelles ou bougies
La flamme de la bougie représente non seulement la lumière de la Source de toutes choses qui existent, mais aussi de notre propre lumière intérieure. C’est aussi le feu agissant d’une façon protectrice et illuminante.
Comme préliminaire à un travail chamanique, on doit allumer une bougie, comme avec sa propre lumière intérieure. Cela indiquera au Soi Caché subconscient qu’il y a un changement dans l’activité consciente, du mondain au spirituel. L’extinction de la flamme à la fin de ce travail indique un retour à la réalité quotidienne. La chandelle est habituellement blanche, pour symboliser la pureté d’intention et signifier les pouvoirs de Lumière et de Vie.
En travail en groupe, la chandelle est usuellement allumée au centre du cercle, parfois à côté d’un petit vase de fleurs coupées, symbolisant ainsi les pouvoirs d’Amour et de Loi.

Le collier
Un chamane ne porte pas de collier simplement pour la décoration. Le collier représente le propre cercle du soi du chamane, et les perles, les os, les dents, les pierres et autres objets qui le garnissent, sont des connexions avec ses propres énergies subtiles.

L’éventail de plume
On utilise un éventail de plumes pour diriger la fumée sur soi ou d’autres, et aussi pour la répandre sur les objets médecine. Les Indiens d’Amérique utilisaient souvent des plumes d’aigles et autres oiseaux sacrés, mais les plumes de n’importe quel oiseau local conviennent. Elles sont attachées à une poignée de bois qui est recouverte de cuir ou de tissu souples, décorée de perles, et ornées de symboles significatifs pour le propriétaire.

Peut-être que comme beaucoup d’autres personnes, vous ne croyez pas aux mauvais esprits. Pourquoi devriez-vous ? Je suis professeur et guérisseur chamanique depuis de nombreuses années, mais je ne croyais pas vraiment en leur existence — bien qu’une partie de moi soupçonnait que je devais m’y attendre, au cas où. Eh bien, tout cela a changé brutalement quand j’ai été forcé d’y croire et de chercher des outils qu’il me fallait pour riposter.
Tout a commencé de manière anodine un beau dimanche matin. Je n’étais absolument pas préparé à une collision spectaculaire des mondes visibles et invisibles.

A la rencontre des Akuras

Une belle jeune femme, la trentaine, est entrée dans ma salle de guérison pour sa première cérémonie de guérison chamanique. « Je suis une actrice et dramaturge, mais ma créativité est bloquée et je ne sais pas pourquoi ! J’ai besoin d’aide, je ne sais pas quoi faire. »
« Rien d’extraordinaire », pensais-je.

J’ai suivi les étapes traditionnelles de diagnostic. Je lui ai demandé de frotter une bougie sur tout le corps, puis de l’allumer. J’ai lu dans la flamme de la bougie : « Peur et traumatisme, » ai-je remarqué. En regardant sa paume je me suis dit, « Toujours rien d’extraordinaire. » Je lui ai demandé de se tenir debout, face à moi, pour commencer la Limpia (cérémonie de nettoyage). J’ai pris une forte inspiration. Puis, alors que je fermais les yeux et m’apprêtais à pulvériser l’énergie-nettoyage Trago (rhum de canne à sucre), j’ai remarqué au-dessus d’elle une créature à fourrure noire, avec un air méchant, descendant rapidement dans sa direction. Je ne pouvais pas en croire mes « yeux de l’esprit » alors que je la regardais tenter de l’agripper avec ses longues griffes acérées, ses yeux énormes et proéminents de singe, en criant de son bec crochu d’aigle.
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? » ai-je pensé, et dans la foulée, « Mais qu’est-ce que je vais faire ? » Mon intuition me disait d’éveiller le guerrier en moi-même, combattre la créature et la retirer, même si ma formation ne m’avait jamais préparé à une telle bataille. « En suis-je capable ? » Je doutais de moi-même. Improvisant, j’ai appelé mes guides spirituels pour le courage et la protection et ai rapidement utilisé toutes les techniques de nettoyage de mon arsenal : feu, fumée, rhum, épées, lances, prières, et menaces. Finalement, après ce qu’il semblait être un long moment, j’ai réussi à le repousser en grande partie, dans l’espace en-dessous de la porte.
Une fois la cérémonie terminée, la posture de ma patiente avait complètement changé. Elle était maintenant calme, détendue et ancrée — et même souriante. « Comment vous sentez-vous ? » ai-je demandé.
« Bien, plus légère, et pleine d’énergie. » Elle répondit rapidement.
Dans un autre article disponible sur le site d’Itzhak Beery, on trouve d’autres détails :
« Une jeune actrice est récemment venue me voir pour être aidée suite à une séparation amoureuse. Elle était déprimée, en colère et frustrée par cette autre histoire d’amour ratée.
Lors de sa troisième visite, j’ai commencé la cérémonie de nettoyage, et j’ai vu juste en-dessous de son plexus solaire quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant. C’était une petite créature sombre. Son visage était celui d’un singe avec un bec d’aigle, et elle avait les pattes d’un coq. Son regard était purement maléfique.
Bien que je ne croyais pas en l’existence du mal, je pouvais le voir.
Mon corps trembla. Je sus que je devais l’extraire immédiatement. J’ai commencé par l’enlever avec tous les outils que je connaissais, y compris par le feu, ou en frotter des œufs ou des feuilles vertes sur le corps de la patiente en l’encourager à crier fortement. Avec des chants spécifiques, j’ai chassé le démon-singe de son corps et quand j’étais certain qu’il était parti j’ai terminé avec une longue cérémonie de protection.
Quand j’ai dit à la patiente ce qu’il s’était produit, elle pensa que cette entité maléfique venait de son ancien petit-ami ou de son père, qu’elle considérait depuis toute petite comme une mauvaise personne. Cela nous donna l’occasion de discuter de problèmes de famille plus profonds qu’elle ne voulait pas expliquer auparavant. [...]
Un autre exemple d’Extraction d’Esprit concerne un homme qui fumait trois paquets de cigarettes par jour. Durant la cérémonie de guérison, l’esprit de son grand-père, qui avait péri durant l’holocauste et qui fumait également, fusa vers le ciel, depuis son dos, et quitta son corps.
J’ai également travaillé avec un danseur dont le coude avait été écrasé dans un accident de voiture et qui ne pouvait plus bouger sa main. Quand j’ai frotté un oeuf sur son coude pour absorber les énergies négatives qui s’y concentraient, l’oeuf a explosé. Le jour d’après, la main est redevenue fonctionnelle. [NdT : Sur l'utilisation des oeufs, voir cet article.]
Je pense qu’il est essentiel de pratiquer régulièrement des cérémonies de nettoyage pour éliminer les énergies négatives qui nous entourent.
Voici des choses que vous pouvez faire à la maison :
Brûlez de la sauge autour de votre corps et dans votre maison. Frottez du gros sel de mer dans vos mains quand elles sont moites ou après une activité sociale. Durant la douche, envoyez de l’eau avec la paume de la pain, six fois au-dessus de l’épaule gauche et six fois au-dessus de l’épaule droite, et faites-le avec une concentration et intention totale. Ou prenez simplement un bain avec du sel de mer.
Quant à moi, j’étais épuisé et un peu en état de choc. Nous nous sommes assis et je lui ai fait part de ce que je venais de voir et d’expérimenter. Je lui ai demandé si elle allait me donnait la permission de consulter mon chaman mentor sur ce qu’il s’était passé. Elle accepta volontiers et après avoir refermé la porte derrière elle, je passai un appel vers le Brésil.
La téléphone mobile d’Ipupiara sonna. « Olá » répondit mon vieux mentor. « Ipu, j’ai besoin de ton aide ! » ai-je dit désespérément. Il était dans une pirogue sur le Rio Negro avec (« par coïncidence ») le maître chaman Shoré de la tribu Cannamarie. « Quel est ton problème Itzhak ? » a-t-il répondu, inquiet. Je lui ai décrit ce qu’il venait de se passer. « Oh, ne sais-tu pas ? Ce devait être un Akura ! Tout le monde sait ça, » dit-il dédaigneusement avec son drôle d’accent portugais.
« Tout le monde ? » ai-je demandé incrédule. « Akura ? Tu ne m’en as jamais parlé pendant les six ans où j’étais avec toi. »
Il marqua une pause, « Attends. » Je pouvais l’entendre parler à Shoré. « Ok, » dit-il avec autorité. « Voici ce que tu dois faire. Note bien, » et il se mit à prescrire une liste de ses cérémonies à réaliser. « Mais demande-lui aussi si elle aime la couleur verte et si elle a des plantes vertes dans sa maison, car les Akuras détestent tout ce qui est vert et vivant. Ils se nourrissent de l’obscurité et de la peur. »
Ma patiente accepta le traitement. Je lui ai posé la question d’Ipupiara. D’une voix dégoûtée et brusque elle dit, « je déteste la couleur verte. Je n’ai jamais porté de vêtements verts et n’ai jamais eu de plantes chez moi, car elles meurent toutes de toute façon. »
Cela m’a donné la chair de poule. « Elle est possédée. Dans quoi me suis-je fourré ? » J’ai réfléchi. Je n’étais toujours pas sûr de pouvoir réussir à la débarrasser de ses Akuras.
Nous nous sommes rencontrés la nuit d’après et après trois autres sessions son état s’était complètement inversé. Elle portait maintenant des habits verts qu’elle aimait bien, elle cultivait des plantes à la maison, et plus important encore, avait bien évolué dans sa carrière artistique.
Et comme si cela ne suffisait pas de prendre connaissance du côté sombre du monde spirituel, je rencontrai bientôt quelques autres cas remarquables. Une femme, par exemple, ne pouvait pas arrêter des tremblements incontrôlables de sa main droite. « Je suis allée voir de nombreux médecins », dit-elle désespérément, « mais aucun d’eux ne m’a aidé. » Elle souffrait d’un autre type d’Akura, « pas aussi vicieux », comme me le rapporta plus tard Ipupiara. Là encore, après trois cérémonies, ses Akuras avaient disparu et sa main ne tremblait plus du tout.
Ces expériences m’ont amené à me demander : « Qui envoie ces Akuras ? D’où viennent-ils? »

Les puissances qui façonnent nos vies

La bataille permanente entre le bien et le mal dans les mondes invisibles façonne constamment notre expérience de la réalité. Elle nous affecte tous. Mais les forces du mal sont difficiles à reconnaître, car elles ont tendance à être discrètes, insaisissables. Elles changent souvent de forme, pour apparaître comme des forces du bien et de la lumière, alors qu’elles se nourrissent de haine, de colère, d’obscurité et de peur. Les forces du bien sont plus faciles à reconnaître car elles ont tendance à ne pas porter préjudice, tout en traitant la nature et tous les êtres avec respect, travaillant en plein jour, avec transparence et amour.
Les chamans des traditions du monde entier ont mis au point, au cours des milliers d’années, une boîte à outils impressionnante qui inclut des herbes, des minéraux, des pierres, des plantes, des œufs, des bougies, des émules, etc, ainsi que des techniques spirituelles telles que la prière et le bouclier d’énergie, pour protéger les personnes et leurs environnements de ces énergies négatives malveillantes et des mauvais esprits. Ces outils simples du quotidien peuvent être facilement utilisés à tout moment à votre domicile ou au bureau. Mais pourquoi des gens s’en prennent volontairement à d’autres personnes ?

De publicitaire à chaman

Au milieu des années 90, je suis passé par une transition de vie spectaculaire, passant de professionnel de la publicité à professeur et guérisseur chamanique. Tout au long de ce voyage inattendu, j’ai été témoin de phénomènes étranges qui ont ébranlé mon ancien système de croyance et m’ont conduit à remettre en question ma réalité perçue, en particulier le rôle que joue le bien et le mal dans nos vies.
Quand j’étais enfant, je percevais de bons et de mauvais esprits, mais j’avais tendance à les rejeter. Je ne voulais surtout pas être vu comme différent. L’un de mes premiers souvenirs d’enfance, par exemple, était un rêve récurrent qui a commencé à trois ans et a continué pendant près de six ans. Ce rêve commençait toujours avec un bruit étrange et sonore de bruissement, immédiatement suivi de deux lumières brillantes comme des soucoupes volantes, se contournant et s’affrontant. Cela finissait toujours quand la plus petite force lumineuse avalait sa plus grande rivale. Je restais effrayé et confus, voulant des réponses, mais craignant d’en parler aux autres.
J’étais en grandissant un enfant sceptique et cynique, craignant d’être raillé pour ma crédulité, et j’ai rejoint l’avis de tous les autres, dans notre société technologique moderne qui considère le monde spirituel comme un reliquat artificiel et primitif du folklore. Tout au plus, je me représentais les bons et les mauvais esprits comme des forces en nous. Plus tard, comme j’ai essayé la méditation et le yoga pour des raisons de santé, et j’en suis venu à croire que le bien et le mal n’existaient pas. Même quand j’ai commencé à étudier le chamanisme, j’en suis venu à la conclusion que le bien et le mal n’étaient que deux vibrations énergétiques différentes; que nous étiquetons sur la base de notre point de vue et nos valeurs actuelles. C’était trop illusoire pour moi de croire en l’existence de forces obscures qui rôdent indépendamment dans l’univers. Mais alors, j’ai appris une autre leçon importante, cette fois de la part de la grand-mère de toutes les médecines.

Une leçon sur le Rio Negro

Il y a quelques années sur la rive d’un des affluents du Rio Negro en Amazonie brésilienne, j’ai participé à une cérémonie sacrée d’Ayahuasca dirigée par un ancien de la tribu Pishuna. Alors que la cérémonie commençait, j’ai entendu des bruits doux et ai vu des esprits à l’allure sympathique planant au-dessus de moi. « Ce sera une cérémonie simple, » ai-je pensé.
Ces esprits sympas m’ont demandé de me convertir à leurs enseignements religieux. J’ai poliment refusé, avançant mon éducation athée au Kibboutz. Mais ils continuaient à me dire de belles paroles me promettant le salut et tous les désirs de mon cœur en retour. Je devins soupçonneux. Ils ont essayé de me tenter et promettaient que, « Si vous suivez nos enseignements, vous obtiendrez ce que vous voudrez et deviendrez qui vous voulez être. » Nous avons commencé à lutter verbalement.
« C’est un piège ! C’est un piège ! C’est un piège ! » J’entendais l’esprit de l’Ayahuasca me mettre en garde. « Ne tombe pas dans les mains du mal. Regarde et vois leurs vrais visages, » me soufflait-il dans mes oreilles.
J’ai regardé de nouveau et ai vu leurs vrais visages, sombres et tordus. J’étais abasourdi, et nous avons recommencé à débattre. Ils riaient avec aigreur, en disant : « Vous ne pouvez pas nous résister, nous dirigeons des millions de personnes dans le monde qui nous suivent aveuglément ! » Nous avons continué à débattre pendant ce qui semblait être un long moment. Finalement, même si j’étais complètement épuisé je trouvai ma force intérieure et déclarai, « J’ai choisi de suivre la Lumière ! Je préfère perdre la vie que vous rejoindre ! » Ils se moquaient de moi à nouveau. J’ai utilisé toute l’énergie qui me restait pour concentrer les pouvoirs de la lumière et propulser cette énergie vers eux comme une lance, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils reculent lentement, pour enfin disparaître dans le vide.
J’ai pris quelques respirations profondes, puis un maître spirituel enveloppé dans une lumière vive apparut.« Les mauvais esprits se sont accaparés nos religions spirituelles, » dit-il tristement. « Ils ont l’intention de conquérir le monde par la tromperie. » A ce moment-là, j’ai senti un faisceau extraordinaire de lumière et d’amour couler de moi vers cet homme humble et aimant, et la lumière m’a aussi enveloppé. Ma tête commençait à s’éclaircir et le chant des cigales et des grenouilles emplissait l’air frais de la nuit. Finalement, je laissais mon corps se détendre.
« Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Pourquoi moi, pourquoi maintenant ? » Ces questions m’ont suivi pour le reste de mon séjour en Amazonie. Je suis un juif israélien, après tout, et en aucun cas un homme religieux. « Était-ce un message envoyé par quelqu’un à mon intention ? » La réponse à ces questions est arrivée, étonnamment, dans un courriel.
Note :
La stratégie des mauvais esprits n’est pas sans rappeler la saynète tibétaine rapportée par Théodore Illion :
Il était une fois il y avait de brillants philosophes. Ils ne croyaient pas en le Créateur.
« Nous suivons notre propre lumière, » disaient-ils. Et dans tous les domaines, ils ne comptaient que sur la lumière de l’introspection. Puis ils sont tombés sur le Diable.
« Quel monstre ! », a déclaré l’un d’eux. « Quel réconfort de savoir que rien n’est réel et tout est un simple reflet de nous-mêmes ! »
« Vous avez raison », ajouta un second philosophe. « Tout est subjectif; rien n’est objectif. »
Puis le Diable ouvra sa gueule et les engloutit.
Quand ils arrivèrent dans le corps du diable les brillants philosophes dirent avec un sourire supérieur : « N’est-il pas évident que nous avions raison ? Le monstre a disparu. »

Mes ancêtres apparaissent

Quelques semaines plus tôt, mon cousin avait envoyé à ma famille un article traduit du yiddish écrit il y a plus de 50 ans par le frère de mon grand-père. La traduction avait été réalisée dans le cadre d’un projet pour commémorer la communauté juive à Kolno, la ville en Pologne où mon grand-père, Rabbi Mordechi Zundel Margolith, avait vécu. Ce que je ne savais pas, c’est que le rabbin Margolith était un rabbin kabbaliste qui avait consacré sa vie à la guerre contre le « Satra Achra » (terme araméen pour « l’Autre Côté »), la guerre entre les forces obscures et lumineuses, qui voulaient selon lui le détourner du droit chemin.
Dans cet article, mon grand-oncle parle des enseignements de son père : « Quand Dieu a créé le monde il l’a créé avec la possibilité pour l’homme de choisir entre le bien et le mal. Le bien c’est faire le choix de suivre les voies de Dieu et le mal, c’est faire le choix de s’éloigner de Dieu et courir derrière toutes sortes de passions terrestres étranges. Notre âme, à intérieur de nous, est notre manifestation la plus vraie et la plus pure. Et elle veut que nous nous comportions comme elle le désire, pour être avec Dieu et faire de bonnes actions. Ces forces s’appellent « Satra Achra », ou « l’Autre Côté ». C’est le contraire du Bon côté. Ces forces tentent d’assombrir la lumière de Dieu dans le monde. Elles essaient toujours de faire choisir entre le bien et le mal et de séduire la personne pour qu’elle choisisse le mal. Il est important de noter que l’homme a le pouvoir de choisir le bien. Les forces du mal sont créées pour que l’homme puisse réaliser ses forces intérieures. Quand nous contrôlons le mauvais, nous créons le bonheur dans les mondes Supérieurs et la lumière éclairera les mondes inférieurs ».
Lisant cela, je suis resté sans voix. Est-ce dans nos gènes ? Est-ce que je prenais la relève de mon arrière-grand-père ? Est-ce que ma descendance héritera de cette bataille ?

Des personnes naissent-elles mauvaises ?

Pourquoi tant de gens dans notre société font intentionnellement de mauvaises choses aux autres, à tous les êtres vivants et à l’environnement ? Pourquoi les entreprises créent des produits mortels, empoisonnant l’air et de l’eau ? Pourquoi des forces puissantes subvertissent la population, truquent des élections et trompent les consommateurs ? Pourquoi les institutions religieuses vilipendent les autres, ignorent l’inégalité et les violations des droits de l’homme dans le monde, et encouragent des millions de personnes à mourir en leurs noms ? Pourquoi nos partis politiques créent des politiques impitoyables qui ne respectent pas les pauvres, les femmes, les homosexuels et les personnes qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins ? Et pourquoi déclarent-ils tous agir en votre nom, en disant amener la liberté ?
Comment la tradition chamanique voit la bataille entre le bien et le mal, la lumière et l’obscurité ? J’ai demandé à Ipupiara. « Une énergie négative signifie une énergie lourde. Elle veut ralentir les choses et de les amener à l’arrêt. Certaines personnes font de mauvaises choses non pas parce qu’elles sont nées mauvaises, mais à cause de l’énergie négative de forces extérieures qu’elles ne peuvent pas contrôler. Quand l’énergie négative pénètre le corps de quelqu’un, elle est difficile à détecter. Si elle n’est pas traitée, elle s’infiltre dans nos vêtements et dans notre peau, dans nos organes et dans nos os, ce qui entraîne la maladie ou même la mort. Son but est de promouvoir la souffrance et la destruction au prix d’un pouvoir temporaire. Elle vit sur la peur, la séparation, la vengeance, et les différences. Elle engendre la dépression, mentale et économique, et finit par détruire les individus, la société et l’environnement. C’est notre rôle de chamans d’effacer les énergies négatives et les remplacer par des énergies positives qui rétablissent la santé et l’équilibre de la vie de nos patients. »
« D’un autre côté, » a-t-il poursuivi, « l’énergie positive ou de lumière est plus facile à reconnaître que l’énergie sombre, car les forces du Bien tendent à ne pas nuire, traitent tous les êtres avec amour, égalité et respect pour la Mère Terre. Pensez aux rayons du soleil, qui éclairent tous les êtres de manière égale. L’énergie positive favorise la croissance, l’action, l’innovation, le renouvellement et l’optimisme. Elle inspire l’égalité entre les personnes, le renforcement de la communauté et le partage des responsabilités ».

La meilleure auto-défense

Nous sommes à chaque instant confrontés au choix entre les forces du bien et du mal. Nous sommes constamment exposés à des énergies négatives envoyées sur notre chemin. Ces forces peuvent être envoyées par d’autres personnes quand elles expriment de la colère, de la jalousie, de l’envie ou d’autres pulsions destructrices. Elles sont envoyées par des entreprises, des gouvernements et des partis politiques. Elles vivent dans des programmes violents à la télévision ou dans d’autres médias. Même des bâtiments ou des endroits particuliers peuvent avoir des énergies négatives en raison des activités négatives qui ont eu lieu dans ces endroits.
Votre meilleure défense est de savoir reconnaître ces forces, et d’avoir accès à la boîte à outils chamanique pour pouvoir vous protéger. Cette prise de conscience est extrêmement précieuse pour vivre une vie saine, équilibrée et productive. Alors avant chaque action que vous prenez, avant chaque mot que vous dites, arrêtez-vous et à réfléchissez : « Cela peut-il faire du mal à quelqu’un d’autre, ou à un autre être vivant sur notre Terre ? »

A l'heure d'une société globalisée à outrance, il est intéressant de voir résister une pratique ancestrale, le chamanisme, enraciné aujourd'hui encore chez certains peuples et dont la définition mérite d'être circonscrite, pour éviter les approximations.
Ni religion dans le sens classique du terme, ni doctrine, puisqu'il n'y a pas d'écrits sacrés, de gourou ou de leader, le chamanisme semble davantage s'apparenter à ce que nous pourrions appeler une culture, une tradition, un sujet de pensée ou un mode de vie que Mircea Eliade explicite de la manière suivante :
«Le chamanisme est l'une des plus anciennes traditions humaines, remontant à environs 1000 ans avant Jésus Christ. Sa conception de l'homme et de la réalité se retrouve sur tous les continents de la planète, en étant à l'origine des principaux systèmes religieux et spirituels du monde entier ».
Et l'auteur d'ajouter (1974,74) : «Le chamanisme est un phénomène originaire, nous voulons dire qui appartient à l'homme en tant que tel, dans son intégrité, et non en tant qu'être historique, témoins les rêves d'ascension, les hallucinations, les images ascensionnelles qui se rencontrent partout dans le monde en dehors de tout conditionnement historique ou autre».
Le chamanisme vient du terme «shaman», vocable emprunté aux toungouzes sibériens. Le shaman est aussi appel «se-er», celui qui voit ou «the one who knows», celui qui sait.
Le chaman est celui du groupe qui a la capacité d'effectuer le voyage vers les esprits et de comprendre leur langage, ce qui explique que pendant la transe, il utilise un parler incompréhensible pour le reste de l'assistance.
De par cette approche spirituelle, le chaman détient la clé de l'harmonisation entre le monde des Esprits, celui qui ne peut être vu par le commun et le monde visible. Longtemps, les chamans ont été appelés «medecine men», cette appellation réduisant de fait leur potentiel, à la seule médecine et occultant le côté spirituel de leur condition. Or, les deux éléments sont inséparables de l'état chamanique.
Le chaman est de fait un être (homme ou femme), qui converse avec les esprits et qui utilise cette discussion pour guérir ceux de son clan. Cependant, il a aussi le pouvoir de nuire de celui de faire le bien.
En tout état de cause, le chamanisme ne prétend pas être un système exclusif. Il a l'objectif d'apporter sa contribution, notamment pour la question médicale. En ce qui concerne la question spirituelle, le chamanisme côtoie des religions différentes, en fonction du lieu où le groupe est situé sur le globe. En Guyane, par exemple, le chamanisme reste pratiqué par la quasi totalité des six groupes d'Amérindiens (Lokono, Kali'na, Teko, Wayana, Wayampi, Palikur), aux côtés des croyances et rites catholiques qui ont accompagné la colonisation.
Le système chamanique est un système animiste. Le chaman est donc bien celui qui veille à l'harmonie entre le groupe visible et le groupe invisible des esprits avec lesquels il entre en contact.
Nous continuerons à parler de chamanisme, terme générique, considérant que le suffixe «isme» ne sert en aucune façon à désigner une doctrine ou un métier dans le cas présent, comme pour le sens général des mots avec lesquels il est utilisé ailleurs.

1 - Y a-t-il un, ou plusieurs chamanisme(s) ?

Le système chamanique se décline un peu partout dans le monde, mais plus particulièrement en Sibérie, en Asie Centrale, en Europe du Nord, dans les deux Amériques, au Japon, dans les deux Corée, dans l'ex-URSS. Ce sont en quelque sorte, les terres naturelles du chamanisme. Mais il est important de savoir qu'aujourd'hui, un «néo-chamanisme» est «enseigné» dans de nombreux pays (cf. § néo chamanisme).
Avec l'immense étendue des terres chamaniques, la diversité des cultures et des peuples qui y vivent, on peut s'interroger sur les rites et leur propre diversité. Ainsi, le chamanisme pratiqué en Sibérie ou en Corée serait-t'il le même que celui des Amérindiens ? La cadence du tambour est-elle la même en Guyane qu'au Canada ? Les plantes ont-elles le même pouvoir au Japon qu'en Europe ?
Il apparaît que si les attributs du chaman et la façon d'arriver à la transe et au voyage changent en fonction du rite de la communauté ou de l'ère géographique, l'Essence spirituelle reste la même partout. Où qu'il soit pratiqué, le système tend à faire le chaman entrer en contact avec le monde invisible. Partout également, c'est l'harmonie entre les deux mondes qui est recherchée. Enfin, partout le parcours initiatique comporte des règles très strictes : n'est pas chaman qui veut.
Aussi, le système chamanique peut-il être considéré comme étant UN, tout en prenant en compte les diversités qui le composent, qui tiennent aux lieux géographiques.
L'espace et le temps étant de toutes façons modifiés, pour les chamans, la simple distance géographique n'a pas suffit à altérer l'Essence de la quête.
De façon universelle, deux éléments peuvent donc symboliser l'état chamanique : la dimension spirituelle et la dimension commune. Les deux restent liées, l'une ayant besoin de l'autre pour fonctionner. C'est l'un des aspects de la dualité qui caractérise souvent la vie amérindienne : c'est grâce notamment à la métacommunication, que les hommes peuvent être soignés. Et c'est grâce à la condition humaine du chaman que les médecines sont appliquées.
L'élément central du chamanisme, reste le «voyage» du chaman, quel que soit le pays où il pratique le rite, cela fait partie de l'universalité chamanique. La transe peut donc être considérée comme l'un des éléments clefs de l'état chamanique, quel que soit le continent sur lequel vit le chaman.

2 - Les chamans

Les chamans sont les garants du bon ordre des choses. On attribue au monde invisible, la responsabilité des grands cataclysmes. Le chaman est naturellement celui vers lequel on se tourne, pour le retour au calme. S'il y a des inondations, par exemple, c'est lui qui devra s'adresser aux Esprits, pour comprendre et faire cesser la pluie. De même, si la sécheresse sévit.
Dans le système chamanique, l'Homme n'est pas perçu comme une seule entité. L'être humain fait partie d'un tout, il n'est qu'une des composantes de l'Univers. Ainsi, les espèces vivantes (hommes, animaux, plantes), sont-elles considérées comme dépendantes du monde invisible. C'est de lui dont viennent les grands changements. C'est donc le chaman qui sert d'intermédiaire avec le monde autre.
Mais le chaman n'est pas pour autant à la merci du monde invisible. Il n'est pas non plus en adoration face aux Esprits. Il commerce simplement avec eux. Il engage un commerce intellectuel, avec ceux qu'il est le seul à voir,, à entendre, à comprendre.
Le chaman est parfaitement intégré au groupe avec lequel il vit. Il y joue le même rôle que les non initiés. Mais il est reconnu par sa communauté, comme celui qui communique avec le monde autre. C'est à lui qu'on s'adresse, quand il y a un désordre, par exemple climatique ou autre.
Si quelqu'un est malade, le chaman s'entretient avec le patient ou ses proches, dans un premier temps. Et s'il accepte de soigner, alors, il le fera en s'adressant au monde invisible. Mais le chaman peut aussi refuser de soigner. S'il le fait, c'est parce qu'il pense qu'il peut y avoir danger pour lui ou pour le groupe. De façon générale, la maladie et la mort sont attribuées aux Esprits. Elles font partie du désordre pour lequel on s'adresse au chaman. De nos jours, il n'est pas rare que le chaman, après avoir tenté une expérience, propose que le patient soit dirigé vers la médecine occidentale. En ce qui concerne la maladie, les chamans sont aussi tenus pour garants de la bonne santé du groupe. Car s'ils acceptent de soigner et qu'ils échouent trop souvent, alors, ils sont menacés par le groupe lui-même.

3 - Devenir chaman

En Amérique du Sud, il n'y a pas de dynastie de chamans, mais il existe des communautés qui font exception, où les chamans initieront de préférence l'un de leurs enfants. Le chamanisme n'est pas non plus héréditaire. On devient chaman soit par quête personnelle, le candidat se manifeste alors de lui-même, soit parce que l'on montre certaines prédispositions ressenties par le chaman ou par la communauté.
Quelle que soit la façon dont l'intéressé est devenu candidat au chamanisme, le rite d'initiation sera strict, avec des règles bien définies, selon la communauté. Deux étapes marquent l'initiation : l'apprentissage du langage rituel et de la communication avec la sur-nature et l'apprentissage didactique en soi, qui passe par la connaissance d'une pharmacopée poussée.
Le profane peut décider qu'il est chaman. Tout se situe alors, dans la reconnaissance de ses capacités par le groupe. L'apprenti chaman devra arriver à maîtriser le départ fugace de l'âme (le rêve), à reconnaître et à exercer son rituel sur le départ prolongé d'une âme (maladie) et il devra lors d'un départ définitif d'une âme (mort), veiller à ce qu'elle parcoure le bon chemin.
On apprendra à un candidat à effectuer des interprétations qui vont lui permettre de prédire l'avenir. Les anciennes communautés qui pratiquaient le système chamanique, étaient souvent guerrières. Il s'agissait aussi de chasseurs. Ainsi, le chaman apprenait à son candidat à assurer le succès à la guerre et à la chasse.
Le futur chaman n'exercera pas avant le décès de son maître. Il y a parfois deux chamans en exercice au sein de la même communauté, mais ce fait reste rare.

3a - Les honoraires du chaman

Le chaman est le seul élément de la communauté qui recevait un paiement pour ses actions. Sa rétribution est parfois très chère. Le paiement est probablement l'une des raisons qui font que le chamanisme a souvent été considéré comme abusif par certains qui l'associent aussi au charlatanisme.
De nos jours, la proximité avec d'autres cultures fait que le chaman n'est plus le seul à percevoir des honoraires. Mais il demande parfois de très fortes sommes d'argent.

4 - La transe

Pour exercer, le chaman va faire le voyage dans le monde caché. C'est le rite extatique dans lequel le chamanisme se réalise.
La méditation, la respiration, la concentration, sont les éléments de base pour arriver à la transe. Le jeûne prolongé, une grande fatigue provoquée, peuvent aussi faciliter l'accès à un Etat Altéré de Conscience.
En séance, le chaman utilise différents attributs : parfois, une tenue particulière, qu'il ne portera que pour l'occasion, des maracas, un tambour.

4a - Le costume :

Il arrive que sur le costume de séance ou le maquillage, on distingue nettement les dessins d'animaux. C'est un symbole du langage du chaman initié, qui peut encore s'entretenir avec le monde autre. Dans les mythes amérindiens, les animaux sont souvent dotés de parole et d'intelligence, selon la croyance du temps ancien, où l'homme et l'animal vivaient en parfaite harmonie et conversaient. L'animal peut aussi être considéré comme un ancêtre, mais il est toujours considéré comme un être doté d'un esprit, parfois fort, comme celui du tigre ou d'un oiseau. La représentation de la force est importante, puisque selon une loi établie dans l'histoire des religions (cf. Mircea Eliade), «on devient ce qu'on montre». La place de l'oiseau, qui vole au-dessus du monde visible, est symbolique du voyage qui sera effectué. On note l'existence d'un véritable panthéon anthropomorphique avec lequel le chaman entrera en contact.
De nombreux rites entourent la chasse, la pêche. Il n'y a de fait, pas d'élevage pratiqué par les amérindiens, les animaux bénéficiant d'une place très particulière, puisqu'il entend les animaux comme des «affins» une sorte de cousins. Les animaux font donc partie de la même espèce que l'homme.. De même, on ne chassera ni ne pêchera plus que nécessaire pour se nourrir.
«Ils disent qu'avoir maltraité un chien leur sera compté à l'heure du trépas : le mauvais maître devra ingurgiter une calebasse pleine de crottes diluées dans de l'eau, avant que l'âme de son animal défunt, admise à la vie éternelle, ne lui pardonne ses sévices». (extrait de Indiens de Guyane – Wayana et Wayampi de la forêt – Jean-Marcel Hurault, Françoise et Pierre Grenand – Ed. Autrement).

4 b - Les maracas, le tambour, le chant

En soi, une séance chamanique est accompagnée de sons. Le chaman fait ses incantations qui se traduisent souvent sous forme de chansons, parfois en langue rituelle. Il est toujours accompagné de percussions : tambour, parfois maracas. Le rythme est toujours monotone. Chez les Wayana, le chaman ne se sert pas de maracas, comme chez les Emerillons ou les Trio (ref. Jean Hurault – Les Indiens Wayana de la Guyane française, structure sociale et coutume familiale, ed. de l'Orstom).
Le but est que le son agisse directement sur la perception, la change, la modifie. Les nerfs auditifs touchent au système réticulaire du cerveau. En actionnant et en répétant certains sons, on peut modifier le système perceptif.
Exemple  : Les vases communicants péruviens. Avec des ondes précises, les sons émis par les anciens vases communicants péruviens, les pratiquants avaient la sensation d'éveiller leur conscience. Ces vases en terre, avaient la particularité d'émettre des sons aigus, quand on soufflait dedans. Il suffisait de les remplir de plus ou moins d'eau.
L'importance du son perçu est utilisée comme catalyseur de l'esprit. Ainsi, les sons répétitifs du tambour et du chant peuvent-ils être perçus comme les liens d'appel à la communication. L'invocation est ainsi matérialisée et ressentie par l'assemblée entière, les séances se déroulant devant tous.
Les maracas ou le hochet, effectuent une sorte de contre balance avec le son plus lourd du tambour. Le massage auditif est ainsi complet.

4 c - L'état extatique

Pour atteindre la transe, le chaman utilise différents chemins, selon la tradition de sa communauté. En Amérique du sud, le tabac joue un grand rôle: quand il est fumé, le chaman pratique alors l'hyper-pnée, qui peut provoquer un «malaise». La fumée étant aussi la symbolique du rapprochement avec les Esprits. Le tabac peut être bu également. La tisane au goût très amer, peut aussi provoquer un «malaise».
L'état extatique peut être obtenu également par l'usage de psychotropes, champignons ou herbes hallucinogènes. Lorsqu'ils en font usage, les chamans affirment qu'ils voient mieux la réalité. Les visions qui s'offrent alors, seront à interpréter.
Il s'agit pour le chaman qui provoque la rencontre avec le monde autre, d'obtenir la réponse à la question posée. Dans le cas d'une maladie, par exemple, il comprendra ce qui a provoqué la cause du désordre physiologique du patient.
La transe du chaman, a lieu devant les autres, il n'y a pas de lieu sacré. Quand il y a un état de transe cataleptique, c'est l'âme du chaman qui est supposée avoir quitté son corps. Elle reviendra. C'est le cycle mort/résurrection, l'une des nombreuses composantes duelles de la culture chamanique. L'état cataleptique est le «grand chamanisme» que Mircea Eliade n'a constaté que dans la zone arctique. Mais en règle générale, les chamans restent maîtres de leur transe. Ils sont alors en Etat Modifié de la Conscience. Cet état leur permet d'être en contact avec la sur-nature et malgré tout, de vivre consciemment le rite qu'ils pratiquent.
Parmi les plantes utilisées, il y a l'ayahuasca. En langue quechua, c'est la «liane de mort», ou la «liane de l'âme». On l'appelle aussi «petite mort». Elle porte également d'autres noms vernaculaires : caapi, dapa, mihi, kahi, natema, pindé, yajé….C'est en tous cas un puissant psychotrope. En ce qui concerne les techniques de guérison, les chamans disent que l'ayahuasca leur permet de voir en transparence, le corps d'un malade. Avec elle, ils peuvent visualiser le mal et ainsi, l'extirper facilement.
Nous avons vu plus haut, l'importance du son pour les rites chamaniques. Michaël Harner, anthropologue américain, a fait le récit de son séjour chez les Jivaros d'Amazonie Péruvienne. Il a aussi pris de l'ayahusca. Quand il raconte son expérience, il précise qu'avant tout, le village entier était plongé dans le silence: on empêchait aux chiens d'aboyer et aux enfants de pleurer. «Le bruit, disent les Jivaros, peut rendre fou un homme ayant pris de l'ayashuasca».

Le néo-chamanisme

A l'aube du troisième millénaire, force est de constater qu'une nouvelle forme de chamanisme est apparue de par le monde. Ainsi, l'appellation générique «chamanisme» comprend aujourd'hui des pratiques qui ont été introduites dans l'univers culturel et social de l'homme moderne. Cette tendance de l'homme en quête de lui-même, ouvert aux anciennes croyances, se retrouve en occident, alors qu'ailleurs, ont note une forte propension à la pratique de différents rites.
L'attrait pour la chose spirituelle en Occident, se traduit par l'émergence de religions nouvelles et par la mise en exergue d'anciennes croyances. C'est ainsi qu'aujourd'hui, des «écoles chamaniques» sont nées, avec un enseignement et des mises en pratique qui se manifestent sous forme de séminaire.
Qu'en est-il réellement du chamanisme traditionnel et de sa transmission classique? Il semble qu'une mutation soit effectuée par les enseignants qui tentent ainsi une appropriation spécifique des mythes, du comportement, des rites et des croyances liées au chamanisme.
Il est également à noter le fort succès rencontré par les séances didactiques, dans un monde en perte de repères économiques (chute du socialisme, capitalisme artificiellement maintenu), sociaux, en pleine mutation culturelle (avec notamment le déploiement de la communication au plan mondial) et qui aborde un nouveau millénaire avec la peur indicible qui à chaque fois est apparue dans l'histoire de l'humanité, lorsqu'il s'est agit de franchir les grandes dates.
Cependant, le néo-chamanisme a été propulsé dans l'univers quotidien, sans que sa dimension ancestrale et son caractère sacral ne soient réellement pris en compte. La vulgarisation s'est effectuée sur la base d'une élision qui permet à l'homme moderne d'inclure son rite à son quotidien.

Rencontre avec K., chaman kaliña

Le chamanisme est-il une toujours une réalité? Nous avons voulu rencontrer un chaman, de façon à ce qu'il nous explique comment il procède et ce qu'il est à même de faire. C'est ainsi que nous sommes allés voir K., qui vit avec sa communauté sur le littoral de la Guyane. Recommandés par une connaissance commune, le rendez-vous a été obtenu un samedi matin.
Lorsque nous l'avons vu, il était en train de coudre un tramay, assis sur un banc, au milieu de d'un carbet, un peu en retrait de la route. Nous avons fait le déplacement à deux, mon fils, âgé de 20 ans, et moi. Toute la conversation a eu lieu en créole. Dès le départ, la réticence de K. était claire. Voici ce qu'il nous a dit :
«Je ne peux pas m'adresser à une femme. Qui plus est, journaliste. Et puis, un chaman qui parle trop, peut perdre ses pouvoirs le soir même. Les esprits qui m'accompagnent et que vous ne voyez pas, vont peut-être me le reprocher.»
Je précisais alors, que je ne venais pas le voir pour la télévision, mais parce que j'étais en train de réaliser une étude pour l'université. Je faisais en quelque sorte, un devoir d'école. Alors, il a souri et comme si je n'avais rien dit, il a continué. Mais dès lors, K. ne s'est plus adressé qu'à mon fils, qu'il reconnaissait comme quelqu'un à qui il pouvait s'adresser sans risque.
«De plus, si une femme est indisposée, elle est impure. Alors bien sûr, il y a des femmes chamans, mais une semaine par mois, elles ne peuvent rien faire. Quant à moi, je ne peux rien toucher d'une femme indisposée, je ne peux pas l'approcher.
Tu veux savoir comment je suis devenu chaman ? Ca fait longtemps, maintenant. J'étais malade, et les chamans du village m'ont soigné. Parmi eux, il y avait mon oncle. Quand ils m'ont soigné, j'ai ressenti quelque chose de très positif, de très fort. C'était comme s'il y avait quelque chose qui traversait mon corps.. C'est la raison pour laquelle, une fois guéri, j'ai demandé aux anciens de m'enseigner leur savoir. Aujourd'hui, mon rôle est de guérir et aussi d'être comme un ancien. Mais je n'attends pas que les autres viennent à moi pour pratiquer le chamanisme. Je le fais seul. Ceci dit, je suis toujours disponible pour les autres.
Le pouvoir du chaman amène de bonnes choses pour la communauté. Le chaman entre en relation avec le pouvoir de celui d'en haut, qu'on appelle le créateur. Et avec cette aide, il fait ce qui est bon pour tous. Ceux qui viennent me voir en général, sont malades. Mais les responsables du village font aussi appel à mes services pour chasser les mauvais esprits ou pour arranger le site, le village.
Quand je suis en séance, je suis assis sur mon banc. C'est moi-même qu'il l'ai fait, mon banc. C'est un tigre sur lequel je m'assoie et qui me donne sa force. Sous mes pieds nus, je sens un serpent à sonnettes. Avec l'aide du tigre et du serpent, personne ne peut me toucher, personne ne peut me faire de mal, leurs esprits me protègent. Et puis, il y a aussi celui d'un ancien chaman, qui est avec moi. En séance, je suis avec eux tous. Ils me montrent la route pour atteindre ce que je veux. Ils me disent où est le mal, par exemple chez quelqu'un qui souffre. Alors, je fume mon cigare. Je le fabrique aussi, avec du tabac pur, concassé, que j'enroule dans une feuille de tabac entière et séchée. Avec la fumée que j'envoie sur le malade, je visualise ce qui ne va pas. Là, il y a deux solutions : soit je peux enlever le mal tout de suite en transmettant un fluide au patient, soit je dois inciser pour l'extraire. Parfois, je passe toute la nuit à jouer avec les esprits.
Aujourd'hui, regarde mon village : il n'y a personne de malade. Je ne fais pas cela pour de l'argent, comme d'autres. Tu voies où je vis ! Je le fais parce que c'est nécessaire, c'est comme ça!
Mais je suis critiqué dans ma propre famille.
(Il nous montre des femmes assises sous un carbet, un peu plus loin).
Les femmes me disent que je travaille avec le diable. Elles sont évangélistes, maintenant. Je ne travaille pas avec le diable, je respecte seulement ma coutume. Dans notre communauté, il y a toujours eu des chamans. Ce que j'ai en moi, je le tiens d'autres kaliñas.
Il est vrai aussi qu'aujourd'hui, plus aucun jeune n'est intéressé par le chamanisme. Les jeunes veulent tous partir. Alors que si toi, par exemple (il s'adresse toujours à mon fils) , tu veux être chaman, tu le peux. Mais il te faudra rester avec moi deux ou trois ans, c'est une véritable école. D'abord, il te faudra apprendre ma langue. Tu peux parler français comme tu veux, créole comme tu veux, mais un chaman doit s'adresser aux esprits dans leur langue. Ensuite, il faudra aller en forêt, voir le takini. C'est un arbre. C'est à son esprit que je vais m'adresser en lui disant «regarde ce jeune garçon devant toi. Il a besoin de toi, comme moi j'ai besoin de toi ». Je lui parlerai encore, puis je prendrai un peu de sa sève. Tu la boiras. C'est arbre est terrible. Parce que si ce n'est pas un chaman qui te donne sa sève et que tu la bois tout seul, alors tu meurs. Elle se transforme en poison. Pour le futur chaman, cette épreuve est obligatoire.
Si tu veux vraiment être chaman, tu prends ta vie actuelle et tu la divise en deux. Tu ne pourras plus faire la moitié des choses qui la composent actuellement, parce qu'il te faudra rester ici, au village. Par la suite, une fois que l'on a atteint un certain stade de connaissance, on peut voyager…De plusieurs façons. La première est celle-ci :
- Si tu es malade et que tu me téléphones depuis Cayenne, alors je peux te soigner aussi. C'est mon esprit qui viendra te voir et mon corps restera ici.
•  L'autre façon de voyager, tu la connais. Moi, par exemple, je suis déjà allé au Canada et à Paris. Mais il a fallu du temps avant que je puisse le faire. C'est un choix de ma part. D'autres chamans qui sont plus anciens que moi, ne partirons jamais du village. Ils ne peuvent pas survivre à Paris, par ce qu'ils ne mangent pas n'importe quoi, n'importe comment. Par exemple, un chaman ne mange pas d'ail, pas d'oignons, ni de piment, ni de caïman, ni de lézard. Tous les vertébrés en général. J'ai pour ma part déjà mangé du caïman, mais je sais exactement comment je l'ai préparé et pourquoi je l'ai mangé.
Le caïman est très important pour nous. Souvent, les chamans travaillent avec son esprit. C'est comme ça que tous les habitants de Mana connaissent le site «Caïman Mouri». Tu connais son histoire ? La voilà :
Un jour, deux chamans ont voulu se mesurer dans une savane près de Mana. Il y en avait un qui disait toujours qu'il était le plus fort. Alors l'autre, agacé, lui dit : «on verra bien». Celui qui ne se vantait pas, a réussi à avoir l'esprit de l'autre. C'était un caïman. Les mananais ont baptisé le lieu « Caïman Mouri », parce qu'ils ont vu apparaître un gros caïman mort. Ce caïman était en fait l'esprit fétiche du chaman vaincu. Ce dernier a continué sa vie sans son esprit fétiche. De plus, la savane est maintenant entourée de pripris où vivent les serpents à sonnettes sur lesquels le chaman qui se vantait posait ses pieds.
Cette histoire est arrivée parce que ce chaman s'est vanté de tout savoir et de tout pouvoir. Voilà pourquoi je ne peux pas parler de chamanisme, c'est très difficile pour moi».

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